Février 2022. Annecy. Après douze jours d’attente et un reportage sur le don de tissus (cornées), un arrêt thérapeutique (LAT) est programmé chez un jeune patient au CHANGE (Centre Hospitalier Annecy Genevois). Il s’agit de l’un des quatre cas de prélèvements d’organes sur donneurs décédés autorisé en France depuis 2015. Le CHANGE a été le premier centre à pratiquer des prélèvements dans ce cadre et forme d’autres établissements à cette procédure.

Cette procédure est codifiée. Après une décision collégiale de LAT par l’équipe médicale qui suit le patient, l’équipe de la CDOT (Coordination Don d’Organes et de Tissus) prend le relais pour recenser et “qualifier” le donneur potentiel grâce à des premiers bilans et la recherche de contre-indications. Un entretien a lieu avec la famille pour les informer d’une procédure possible et s’assurer d’une absence d’opposition au don. Pendant mes douze jours d’attente, il y a eu deux oppositions de famille. Quand la procédure démarre, le patient donneur est alors recensé, après validation par l’Agence Biomédecine et les informations le concernant sont entrées dans le logiciel Cristal qui va anonymiser le dossier et le faire savoir aux différents CHU en attente de greffons. Des choix sont ensuite effectués en fonction des priorités de la liste nationale des malades en attente de greffe.

Commence alors un vrai marathon. Pour chaque organe, les équipes qui réaliseront ensuite la transplantation viennent au CHANGE pour réaliser les prélèvements.

La LAT est mise en place dans la chambre de réanimation du patient. La Circulation Régionale Normothermique (CRN) est mise en place avant que le donneur ne soit transféré au bloc. Entre le moment où un organe est prélevé et celui où il est greffé, il ne doit pas s’écouler plus de 3 à 4h pour un coeur, 6h en moyenne pour un foie, 6 à 8h pour un poumon et 18h pour un rein.

L’heure qui tourne est le premier fil rouge de ce reportage. L’attente du déclenchement du reportage, le moment d’émotion lors de l’arrêt des soins, tout s’accélère soudainement et chacun est ultra concentré sur ses tâches. On passe de 160km/h sur autoroute à des moments à 20km/h aussi … Le second fil rouge est l’infirmière coordinatrice de la CDOT. C’est elle qui s’assure du bon déroulement de l’intervention chirurgicale et organise les prélèvements nécessaires (biologiques, biopsies, ganglionnaires), trace les horaires et les données dans le dossier et dans les pochettes qui partiront avec les greffons. Elle appelle également les gendarmes pour qu’ils ouvrent la voie sur l’autoroute car on est en plein week end de chassé croisé de vacances au ski.

9h35 se seront écoulées entre l’arrêt des thérapeutiques chez le donneur et la transplantation du foie chez le receveur…

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Soigner en néonatalogie